En dépit de la publication d’innombrables rapports officiels, la controverse sur les qualités respectives de l’eau du robinet et des eaux embouteillées n’a cessé de s’envenimer ces dernières années en France. Qui croire ? Notre santé est-elle menacée ?
Le WWF France passe au crible un échantillon d’eaux de boisson.
La polémique sur la qualité, et les risques potentiels pour la santé, de l’eau du robinet est en passe aujourd’hui de devenir un débat mondial, un enjeu commercial, environnemental, et une question majeure de santé publique.
La dégradation croissante de la qualité des eaux brutes
Les résultats obtenus révèlent la présence de très nombreux polluants dans l’eau de boisson. Ainsi 14 villes présentent au moins 6 micropolluants (Hydrocarbures aromatiques polycycliques, atrazine, aluminium, dibromochlorométhane…) dans leur eau du robinet, et des traces d’aluminium peuvent être retrouvées dans des eaux embouteillées. Ces résultats conduisent le WWF France à déplorer les insuffisances du dispositif d’analyse actuel.
Au final, l’enquête montre globalement que les eaux du robinet respectent les normes en vigueur. Cependant, 19 molécules ont été détectées, essentiellement des nitrates, des résidus chlorés ou bromés de sous-produits de désinfection et de l’aluminium. Les molécules d’hydrocarbure aromatique polycyclique (HAP) et d’atrazine ou de ses métabolites sont présentes dans plus de 20% des eaux échantillonnées.
Concernant les eaux en bouteille (eaux minérales et eaux de source confondues), sur 15 sites analysés, 4 micropolluants ont été détectés à l’état de traces ou à des concentrations quantifiables : nitrates, aluminium, antimoine et plomb. Comme dans les eaux du robinet, les concentrations en micropolluants sont inférieures aux normes règlementaires actuelles. Cependant, la diversité et l’augmentation constante du nombre de molécules présentes dans les eaux de boisson posent un réel problème. Ce rapport s’interroge sur les risques pour la santé liés à l’exposition à de faibles doses de polluants sur le long terme, aux effets cocktail, aux perturbateurs endocriniens. Ces questions ne peuvent plus être résolues uniquement par une fuite en avant, vers un traitement de plus en plus contraignant et coûteux.
La polémique eau en bouteille contre eau du robinet en France
Les polémiques opposant les qualités respectives des eaux embouteillées et de l’eau du robinet n’ont cessé de se multiplier ces dernières années, sur fond d’inquiétude croissante vis-à-vis de la dégradation de la qualité des eaux brutes. La campagne publicitaire provocante menée par la marque d’eau en bouteille Cristaline en 2007 a focalisé ce débat. «L’eau du robinet provient-elle parfois indirectement du recyclage des eaux usées?» Réponse: oui. «Peut-on trouver parfois des traces de pollutions dans l’eau du robinet?» Idem. En assimilant l’eau du robinet à l’eau des toilettes, Cristaline a définitivement poussé le bouchon un peu trop loin. Les réactions de condamnation unanime et de défense de la qualité de l’eau du robinet ne se sont pas faites attendre : Eau de Paris (qui a porté plainte), la Fédération des entreprises de l’eau (FP2E), FNE, le ministère de l’Ecologie, Agir pour l’environnement, Résistance à l’agression publicitaire (RAP), le CNIID, Les Verts, l’AMF, etc.
De son côté, Cristaline arguait d’une campagne jugée provocatrice lancée fin novembre 2006 par le Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), responsable de la production et de la distribution de l’eau potable de 163 communes de la région parisienne : l’eau en bouteille était accusée de n’être ni écologique, ni économique. Dans la même mouvance, de plus en plus de villes créent leurs propres marques d’eau du robinet (telle « La Bisontine » à Besançon), distribuent des carafes au nom de leurs communes et vantent les qualités de leur eau potable.
Plutôt que d’opposer l’eau du robinet à l’eau en bouteille, cette enquête montre donc qu’il est impératif de mettre en place, au plus vite, une protection efficace des sources d’eau potable en amont, et plus généralement des ressources en eaux brutes.
Les pollutions par les nitrates et les pesticides font partie des pollutions agricoles diffuses, résultat d’une agriculture productiviste et intensive qui a recours de manière massive à ces intrants. Ce modèle agricole agro-industriel a été encouragé, après la seconde guerre mondiale, par l’Etat français, puis par l’Union européenne, et a toujours été le premier bénéficiaire des aides de la Politique Agricole Commune (PAC).
Aujourd’hui, ce type d’agriculture est responsable en grande partie de la dégradation de la qualité de l’eau. Pourtant, ce sont les ménages qui en paient le coût : plus de 90 % des redevances des agences de l’eau (un montant total de 1,8 milliard d’euros) ont été payées par les consommateurs en 2008 (CC 2010, p 630). Les principaux pollueurs sont ceux qui cotisent le moins : le principe pollueur-payeur n’est pas appliqué.
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